Environnement macroéconomique
Olivier Cohen de Timary
Fondateur et directeur de la publication de Socialter
Urgence climatique, épuisement des ressources, déclin de la biodiversité, inégalités croissantes, etc. : les rapports scientifiques et les cris d’alarme s’enchaînent et se ressemblent, nous rappelant l’inéluctable bifurcation de nos économies. Nous entrons dans une ère nouvelle : celle de l’adaptation et de l’incertitude.
Dans ce contexte, les entreprises ont un rôle historique à jouer. Et celles qui survivront seront celles qui parviendront à être pleinement actrices de la transition écologique. D’abord en prenant conscience de l’urgence et du rôle-clé qu’elles peuvent jouer pour changer la donne. Elles détiennent en effet les ressources, les actifs, l’infrastructure et la force de frappe pour innover et agir à grande échelle. Ensuite, en mettant en œuvre une stratégie et des offres visant l’efficience et la sobriété à chaque étape, permettant de faire mieux avec moins. Cela passe par une réinvention des modèles et des chaînes de valeur, en considérant ces contraintes comme autant d’opportunités. L’économie circulaire ou de la fonctionnalité (en passant de la vente de pneus à la vente de kilomètres parcourus par exemple), ou encore la démarche d’innovation low-tech (qui prône des solutions techniques simples, bien dimensionnées et réparables, plus proche de l’artisanat que de la production industrielle), sont autant de pistes à explorer pour envisager toute activité sous l’angle de l’économie des ressources, et non plus de leur extraction.
Ces mutations sont pour les entreprises une occasion de se distinguer des acteurs les moins vertueux, en étant à l’avant-garde, en répondant aux nouvelles attentes des clients et en renforçant la confiance et la transparence vis-à-vis des consommateurs.
Le fabriquant de baskets Veja ou la marque Patagonia sont la preuve que conditionner son activité à une meilleure empreinte écologique et sociale n’empêche pas d’être profitable, au contraire ! Bien sûr nous ne pouvons exiger des entreprises qu’elles opèrent seules cette grande transformation. L’autorégulation des marchés nous a d’ailleurs prouvé son impuissance à gérer l’« urgence du long terme ». Le politique, soutenu par la société civile, doit enclencher cette bifurcation : en incitant les comportements les plus vertueux mais surtout en aidant les entreprises et les marchés à créer et déplacer la valeur au « bon endroit ». Imaginez un instant que la tonne de ressources économisées soit comptabilisée à l’actif du bilan des sociétés ? Les entreprises les plus sobres gagneraient alors un immense surplus de valeur.