Sécurité et souveraineté numériques
Lucien Castex
Secrétaire général, Internet Society France
Internet est un espace mondialisé, apparemment sans frontière. Pourtant, la compétition réglementaire féroce qui sévit au niveau international rend ces frontières bien réelles et perceptibles, grevant ainsi la confiance des utilisateurs dans ce qui doit rester un bien commun. L’émergence d’un internet de confiance global passe aujourd’hui par la mise en place d’une gouvernance multipartite, ouverte aux différentes parties prenantes.
Ce nouveau mode de gouvernance entend dépasser le cadre de négociation multilatéral entre États qui prévaut aujourd’hui. Il s’agit de faire émerger de nouvelles idées et de développer la coopération entre tous les acteurs : sphère publique, bien sûr, et – c’est là tout l’enjeu – acteurs privés, communauté technique, société civile et monde académique. Ce modèle de gouvernance est l’unique moyen de (re)gagner la confiance des utilisateurs. Le Forum sur la Gouvernance de l’Internet est l’un des lieux de cette négociation. L’édition 2018, tenue à Paris en novembre, avait justement pour thème l’internet de confiance (The Internet of Trust).
Pour être efficace et s’adapter à l’évolution rapide du numérique, cette gouvernance suppose la recherche permanente de consensus. Les entreprises, comme la société civile, apportent aux négociations leur expérience du terrain. Elles apportent aussi leur capacité prospective pour mieux répondre aux enjeux du monde à venir, en matière tant d’innovation que d’impact sociétal et d’usages. Cette gouvernance contribue enfin à éviter une fragmentation du réseau, en permettant à chacun de participer à la prise de décision.
La cybersécurité présente justement un défi majeur pour l’intégrité d’internet, nécessitant des consensus et une coopération active entre les parties prenantes. C’est le sens de l’Appel de Paris pour la confiance et la sécurité dans le cyberespace, signé par des États et par plus de 300 entreprises et 100 organisations (parmi lesquelles l’Internet Society et Orange). Tous ont à cœur l’émergence de principes éthiques communs, qui sont les socles de la confiance des utilisateurs.