L’isolement numérique, premier handicap d’un territoire


Antoine Karam

Sénateur de Guyane

La Guyane est la région française la moins bien servie en couverture très haut débit, et ce alors même qu’elle abrite un centre spatial qui équipe la planète entière en satellites de télécommunications. Vous conviendrez que c’est un comble !

Ce retard est très dommageable pour le développement économique et social. Il l’est d’autant plus pour nos entreprises, qui évoluent sur un marché souvent limité géographiquement. Le désenclavement numérique constitue un enjeu fondamental pour tous les « oubliés du digital » et représente un levier formidable pour élargir notre tissu économique et créer de nouveaux emplois. Cela passe par une couverture très haut débit généralisée mais aussi par une résorption des zones blanches, notamment autour des grands axes routiers. Il s’agit d’une condition indispensable pour rendre un territoire comme la Guyane plus compétitif, plus attractif et améliorer le quotidien de ses habitants, y compris dans les sites isolés.

Certes, un mouvement est en marche. Le câble sous-marin Kanawa conduit désormais le très haut débit vers le territoire et s’inscrit à mon sens pleinement dans cet objectif d’amélioration de la connectivité des Guyanais. Mais la transition numérique suppose aussi le déploiement de nouveaux services digitaux. Imaginez qu’il y a peu, il fallait attendre plusieurs mois pour obtenir un extrait de K-bis alors que dans l’Hexagone, la démarche est numérisée et d’une rapidité déconcertante. C’est précisément ce type de retard incompréhensible qui grève le développement des entreprises.

Si la situation s’améliore progressivement du côté de Saint-Laurent-du-Maroni, les communes de l’intérieur restent dans une situation d’isolement inacceptable. À cet égard, nous avons bon espoir que le déploiement de solutions alternatives (satellites et mobiles) puisse offrir une connectivité très haut débit. Car la Guyane n’est pas épargnée par le phénomène mondial de digitalisation de la société. L’usage des smartphones et tablettes se généralise. Les besoins se révèlent d’autant plus importants que le territoire enregistre une forte croissance démographique. Il est donc impératif de mettre en œuvre les infrastructures suffisantes pour, d’une part, répondre aux besoins des particuliers et, d’autre part, améliorer la qualité des services dans les communes isolées. À l’heure où l’idée d’une société inclusive fait son chemin, le numérique est un outil essentiel pour que la société s’adapte aux besoins spécifiques de nos concitoyens et non l’inverse. Je suis par exemple convaincu que l’équipement en très haut débit des établissements scolaires des communes isolées peut permettre à notre système éducatif de mieux s’adapter aux besoins de nos enfants.

Camille Djian & Martine Hermans

L’accessibilité numérique commence en boutique